Entre la Rimarde et l'Oeuf

   15/06/2008                          Suite

Situé sur un éperon, à la limite des anciens évêchés d'Orléans et de Sens, dont l'Essonne et la Rimarde marquaient la frontière, Yèvre-le-Châtel fut très tôt fortifié.

Dès le Xème siècle, Yèvre est une des possessions de l'Abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire. On sait qu'à plusieurs reprises les moines de Fleury se plaignirent au Roi, Hugues Capet, des exactions du baron Arnoul de Yèvre. C'est sans doute pour faire oublier les excès de son mari que son épouse, Lucinde, fonda dans l'enceinte du château une abbaye sous l'invocation de Saint-Gault, un des Saints de Bretagne dont les reliques avaient été apportées dans la région par des moines fuyant l'invasion des Normands. La chapelle de cette abbaye est aujourd'hui l'église paroissiale de Yèvre-le-Châtel.

Après le décès du baron Arnoul, le Roi interviendra plusieurs fois pour soumettre ses successeurs et démanteler leurs châteaux qui ne devaient être que des fortins de bois, construits sur une "motte". Le rattachement du château à la couronne de France se situe vraisemblablement vers 1112, lorsque Louis VI le Gros contraint le vicomte Foulques à lui céder Yèvre-le-Châtel dont il fit une puissante châtellenie.

Vers 1200, sur ordre de Philippe Auguste, le château fut reconstruit selon les derniers perfectionnements de l'architecture militaire rapportés des croisades. C'est semble-t-il à Gilon du Tournel que l'on doit cette ultime reconstruction.

Pendant la guerre de cent ans, Yèvre resta, avec Montargis, la seule place forte au nord de la Loire à ne pas tomber entre les mains des anglais ou des Bourguignons.

A la fin du XVème siècle, du fait de l'extension du domaine royal et des progrès de l'artillerie qui rendirent ses défenses obsolètes, Yèvre-le-Châtel perdit de son importance et son rôle de place forte. Un inventaire indique déjà, en 1610, que le château est en ruine.

En 1637, la maréchaussée sera transférée à Pithiviers, mais la justice royale continuera de siéger à Yèvre jusqu'à la Révolution.